La RSE est dans toutes les bouches. Cet engagement parfois jugé comme un peu utopique est en train de devenir une véritable priorité pour nos entreprises. L’époque que nous traversons aurait pu laisser présager un recentrage économique fort pour sortir de cette crise. Mais les préoccupations sociales, environnementales et sociétales deviennent des priorités stratégiques au sein des entreprises. Preuve en est, selon l’étude « Le Baromètre des DRH 2020 » d’ABV Group, l’évolution est sans appel, pour 31% des décider.euse.s RH les politiques RSE deviennent une priorité (+10pts en un an).
Intégrer des politiques RSE, très bien mais avec la donne du nouveau monde qui semble se jouer, quels axes privilégier en 2021 ?
Le contexte sanitaire rebat les cartes des engagements sociétaux et environnementaux pris par les entreprises dans le cadre de leur politique RSE. Alors 3 nouveaux enjeux liés à la RSE émergent au sein de nos entreprises.
Contribuer à l’effort collectif : Cette période a démontré une regain de solidarité et de prise en compte de l’intérêt général au profit de la course à l’individualisme. Confinement, télétravail, soutien aux chômeurs partiels les entreprises ont démontré leur empathie et leur prise en considération des préoccupations personnelles des employés, influençant directement l’image que ces derniers peuvent avoir des entreprises. Près de 75% des Français.e.s intérogé.e.s par l’Institut de l’entreprise dans le de l’enquête « À quoi servent les entreprises? », estiment qu’elles ont été à la hauteur depuis le début de la crise.
Donner plus de sens à la valeur travail : Déjà bien engagéee par les jeunes générations, la crise a vulgarisé cette notion de donner du sens à son travail. Le clivage entre métiers considérés comme essentiels et ceux perçus comme non-essentiels s’est renforcé. Le thème de l’utilité ou du sens n’a jamais été aussi présent dans les débats sur l’avenir du travail. En 2020, près de la moitié des salarié·e·s (46%) se déclarent moins engagé·e·s et considèrent que leur travail a moins de sens qu’avant (48%). De même, la quête de sens devient la deuxième attente formulée par les salarié·e·s après le bien-être. Ainsi, notre rapport au travail change et l’entreprise doit capitaliser sur cette « introspection » collective pour imaginer une nouvelle trajectoire commune derrière laquelle embarquer ses collaborateur·rice·s.
Repenser la mission de l’entreprise pour re-créer un écosystème vertueux. Depuis Mars 2020, nous sommes plongés dans un ère d’incertitude quant à l’avenir, sans précédent. Ce virage a considérablement miné le moral des salariés et cette lassitude ambiante quant à l’inconnue liée à la sortie de crise doit pousser les entreprises à revoir leur mission. En effet, se sentir appartenir à un écosystème plus responsable est un facteur clé de motivation.
Alors, en 2021 quels sont les axes clés pour repenser sa politique RSE et envisager plus sereinement cette sortie de crise ?
#1 CO&co : Collaborer, Co-construire sa raison d’être et de devenir.
Les entreprises doivent enclencher leur changement de vision. Elles doivent s’interroger sur la manière de contribuer au monde demain en associant les managers et salariées dans le but de créer des synergies puissantes et holistiques. Dans un article de la Harvard Business Review, Hubert Joly, coach de renom international, estime que l’on est entré dans une économie dirigée par la raison d’être. C’est en interrogeant leurs valeurs et impacts (sociaux, écologiques, sociétaux) que les directions donneront un nouvel élan collectif. Des perspectives plus inspirantes dont les salarié·e·s ont besoin pour s’engager malgré un contexte morose. 70% des salarié·e·s souhaitent être davantage associé.e.s à la stratégie RSE de leur entreprise. D’où le succès des projets participatifs autour de la place et la mission de l’entreprise dans le monde d’après.
#2 Développer et encourager les actions redistributives au sein des équipes.
Cette crise nous a amené un regain très fort de solidarité nationale. Malgré les nombreuses difficultés tant sanitaires qu’économiques les entreprises, beaucoup ont agi en faveur de ceux qui souffrent. Partout, les initiatives d’entraide se sont multipliées pour contribuer à l’effort collectif. Les actions redistributives ont pris des formes différentes selon les entreprises : gratuité pour le personnels soignants, facilitateurs d’entraide (mise en relation des personnes), maintien du lien social au travail en mettant à disposition des outils gratuits et simples d’utilisation.
Toutes ces actions traduisent une tendance de fond, à savoir cette volonté des collaborateurs de mettre leurs compétences tant personnelles que professionnelles aux services d’une cause et/ou des autres. « les salarié·e·s demandent à ce que leur entreprise les aide à contribuer » explique Martin Richer, consultant en Management&RSE et fondateur de Managment&RSE. Un bon exemple ? Salesforce est pionnier dans le développement de la culture du don. Marc Benioff, PDG du leader du CRM, est à l’initiative du concept 1-1-1. 1% du capital, 1% du temps des employé·e·s et 1% des produits de Salesforce sont attribués à des œuvres philanthropiques. La RSE est donc totalement intégrée au fonctionnement de l’entreprise et les salarié·e·s en sont les premiers acteurs. Dans leurs objectifs annuels, ils/elles ont l’obligation de participer à des actions caritatives de leur choix. En plus de contribuer concrètement au monde de demain, les entreprises fédèrent considérablement leur équipes. En effet, 79 % des salarié·e·s se voient rester dans une entreprise qui initie les actions RSE ou possède un service dédié.
#3 Mettre l’emploi au cœur de l’action.
Sécuriser les emplois et les recrutements s’avère une question d’urgence sociale, notamment pour les jeunes diplômés. En effet, les offres d’emploi accessibles aux jeunes diplômé·e·s ont chuté de 40% en 2020, par rapport à l’année précédente. Pour y faire face, les entreprises se mobilisent et lancent des campagnes de recrutement pour les apprenti·e·s soutenues par l’aide de l’État. C’est notamment le cas de GRDF qui s’est engagé à conserver le recrutement annuel de 500 alternant·e·s. De même, le groupe Adecco maintient son objectif de 7 500 alternant·e·s recruté·e·s à fin 2020. Ces prises de décisions sont loin d’être anodines quand on connaît le contexte général de l’emploi : l’Insee recense 345 plans de sauvegarde depuis mars et 715 000 emplois détruits au premier semestre. « On ne demande pas aux entreprises de jouer les super héros, mais plutôt de mettre en œuvre leur business model en pensant leurs impacts (négatifs et positifs), d’abord envers leurs salarié·e·s et actionnaires, puis leurs relations d’affaires, enfin la société. » affirme Martin Richer.
#4 Prendre soin de son capital humain : priorité à la Qualité de Vie au Travail et à l’employabilité
Selon le Baromètre des DRH, 89 % des décideur·euse·s RH considèrent la qualité de vie au travail comme extrêmement importante ou très importante (vs 88 % en 2019). En période de crise sanitaire, le sujet devient crucial et s’articule autour de deux axes prioritaires à savoir :
De meilleures conditions de travail au service du bien-être psychologique : la crise sanitaire a bouleversé les habitudes de travail avec la massification du télétravail. Dès mars 2020, entre cinq et huit millions d’actifs se sont mis à télétravailler à 100% du jour au lendemain. Les salarié·e·s ont dû élaborer de nouvelles façons de travailler provoquant pas mal de déstabilisations : perte de repères, des horaires erratiques ou encore une frontière non hermétique entre l’espace personnel et professionnel pour lequel ils n’étaient pas préparés.
Des politiques RH ambitieuses autour de l’employabilité : face aux changements induits par la digitalisation accélérée, les entreprises doivent absolument établir une stratégie autour des compétences internes afin de préparer les salarié·e·s aux nouveaux contours du travail. Ainsi, un investissement massif dans la formation aux compétences de demain (digitales, soft skills…) doit s’organiser pour faciliter les inéluctables transitions à venir.
#5 Se recentrer sur les préoccupations écologiques et s’engager.
L’entreprise est un acteur clé de la transition énergétique au regard de sa consommation d’énergie. Chaque année, selon l’ADEME, les bureaux français consomment près de 55 000 gWh d’électricité. Les nouveaux modes de travail hybrides sont l’opportunité de repenser nos habitudes de consommation énergétique professionnelle. En effet, en Europe, les émissions de CO2 ont connu une baisse record de 11 % en 2020 selon le bilan annuel du Global Carbon Project (GCP).
Les entreprises doivent donc prendre ce virage écologique et enclencher une réflexion organisationnelle en proposant des modes de travail moins énergivores. Par exemple en acceptant plus de télétravail et en invitant les salarié·e·s à prendre conscience de leur empreinte carbone : gamification, green challenge, nudge… Pour mettre en mouvement les organisations.
Pour aller un cran plus loin, la dépendance économique révélée au grand jour par la pénurie de certains produits phares (masques, polémiques liées au vaccins…) a remis sur le devant de la scène le débat de la souverainement économique. En filigrane, c’est aussi le business model et ses impacts sur tout un écosystème qui ont été questionnés. Comment devenir plus responsable et favoriser l’innocuité environnementale ? Certaines entreprises ont emboîté le pas en relocalisant une partie de leur production. D’autres ont choisi un approvisionnement 100% français. Ces initiatives RSE démontrent l’extraordinaire capacité de reconfiguration de certains processus pour tendre vers un système plus durable.